Art Spiegelman, décoré de l'Ordre des Arts et des Lettres

Déjà Chevalier de la Légion d'Honneur, l'écrivain et dessinateur new-yorkais Art Spiegelman a pris de l'avancement dimanche dernier et le voici Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres : décoration honorifique française qui récompense « les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde. »

Le Grignotte-Livres vous "engage" à découvrir deux monuments de la bande-dessinée qui se trouvent dans les rayonnages de la médiathèque...

Maus : un survivant raconte - L'intégrale (1981-1991)

  Maus raconte, à travers le dialogue de l'auteur et de son père, l'histoire de celui-ci juif polonais, survivant des ghettos polonais et d'Auschwitz. On y découvre les persécutions nazies, depuis le début de la Seconde Guerre mondiale et l'invasion de la Pologne jusqu'à l'effondrement du Troisième Reich et l'immédiat après-guerre.

Témoignage sur la Shoah, cette oeuvre aborde la question de la survie à tout prix quand la loi est celle du plus fort, de l'antisémitisme juste après la Seconde Guerre mondiale. Art Spiegelman représente les différents groupes nationaux par différentes espèces d'animaux : les Juifs sont représentés par des souris, les Allemands par des chats, les Français par des grenouilles... 

Le récit du père est entrecoupé de scènes montrant des relations difficiles entre un père et son fils, la difficulté pour l'auteur lui-même, juif de la génération « d'après » d'exorciser ce terrible passé, de se construire à l'ombre d'un survivant.

Maus a reçu en 1992 le seul prix Pulitzer attribué à une BD.

Vu sa densité, cette bande-dessinée est classée parmi les romans. 

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A l'ombre des tours mortes (2004)

  Cet album en format cartonné géant qui a créé l'évenement lors de sa parution est également un exorcisme. Spiegelman a vécu les évènements du 11 septembre 2001 dans sa chair, craignant de perdre sa fille au lycée international de l'ONU, potentielle cible, mais surtout placée au pied des tours jumelles. On vit avec lui ces évènements, on a peur pour lui et les siens.

L'artiste engagé ne se prive pas de dénoncer avec virulence les mensonges et les trahisons du gouvernement américain qui ont suivi. Actes qui ont lui valu une grande frilosité à l'époque de la part des médias américains.

Enfin, c'est aussi un vigoureux plaidoyer en faveur de la liberté de pensée et un hommage aux pères fondateurs de la bande dessinée américaine.

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